Historique et Méfaits du Tabac
Le tabac est une plante verte de la famille des solanacées. Il est utilisé pour la production de cigarettes. Les feuilles de tabac contiennent une substance : la nicotine, alcaloïde ayant un pouvoir d’addiction responsable de la dépendance.
Un peu d’histoire
La culture du tabac a son origine en Amérique centrale et en Amérique du sud. Il était connu sous le nom de « petum » et utilisé pour la première fois par les indigènes de l’époque, amérindiens ou indiens d’Amériques (Aztèques et Mayas en Amérique centrale, Incas en Amérique du sud : cordillère des Andes ), il y a plus de 3000-4000 ans. Ils fumaient les feuilles de tabac roulées en forme de cigare appelé « tabaco » ou le chiqué. Il était considéré comme une une plante sacrée et curative. Sa consommation s’étendit à toutes les Caraïbes.
Au XV ème siècle, en 1492, premier voyage de Christophe Colomb (1451-1506, espagnol d’origine italienne). Il découvre Cuba et ce fameux « petum ». En 1493, lors de son deuxième voyage, il ramène des feuilles et des graines de tabac en Espagne à Charles Quint (1500-1558, souverain d’Espagne).
Au XVI ème siècle, Charles Quint choisit Cuba pour y cultiver son tabac. Au départ, utilisé comme plante d’ornement, elle fut ensuite fumé et chiqué . Ce n’est qu’au milieu du XVIème siècle que le médecin personnel de Philippe II (1527-1598) commence à propager le tabac comme « médicament universel » : guérit les migraines, les maux de dents, les rhumatismes.. . Jean Nicot (1530-1600), ambassadeur de France à Lisbonne, découvrit les vertus curatives de cette plante (calme les douleurs) et en envoya en 1561 à Catherine de Médicis (1519-1589) reine de France, mariée à Henri II (1519-1559), pour traiter les migraines de son fils. Le traitement fut excellent. La reine l’introduisit à la cours qui se mis à le priser. Le tabac prend le nom de « l’herbe à la reine » ou encore de « la Catherinaire ». Il fut vendu sous forme de poudre chez les apothicaires, car il est alors réputé pour soigner les douleurs, les ulcères, les maladies des bronches et des poumons, les problèmes circulatoires, apaiser la faim. On lui donna le nom de nicotina tabacum, d’herbe à Nicot en l’honneur de jean Nicot. Jacques Ier d’Angleterre (1566-1625) taxa le premier le tabac. Rapidement, l’usage du tabac gagne d’autres pays : Angleterre, Allemagne, Italie, Turquie, Afrique… A la fin du XVI ème siècle, le tabac est connu dans le monde entier. On continue à lui attribuer ses vertus thérapeutiques.
Au XVII ème siècle, sous Louis XIII ( 1601-1643), le tabac est toujours utilisé à des fins médicinales sous forme de poudre , puis il est fumé avec des pipes par plaisir. En 1629, Richelieu, ministre de Louis XIII, crée le premier impôt sur le tabac en France toujours importé du nouveau monde. Cette décision entraîne 7 ans plus tard la création de plantation en France : Lot et Garonne, Lorraine, Normandie. Colbert (1619-1683), ministre sous Louis XIV (1638-1715), instaura le monopole de l’état sur la vente du tabac et sur sa fabrication. Progressivement, on douta de ses vertus thérapeutiques, et Jacques Premier d’Angleterre en interdit sa consommation, ainsi que le pape Urbain VIII (1568-1644) sous peine d’excommunication. Puis les interdits se sont multipliés.
Au XVIII ème siècle, la culture du tabac fut interdite dans toute la France. Puis en 1791, la liberté de cultiver du tabac est instaurée. Le tabac envahit le monde. Le monopole de l’état sur le tabac est supprimé lors de la révolution de 1789.
Au XIX ème siècle, Louis- Nicolas Vauquelin en1809, découvre le principe actif du tabac : la nicotine appelée ainsi en mémoire de Jean Nicot. En 1811, le monopole de l’état sur le tabac est rétabli par Napoléon premier.
Au XX ème siècle, le tabac finit par trouver, par l’industrialisation, le devenir que l’on connaît : son expansion mondiale et son cortège de maladie. La cigarette apparaît entre 1830-1840. En 1843 la première machine à fabriquer les cigarettes est inventée et en 1880 leur fabrication est automatisée. La guerre de 14-18 donna une accélération à la consommation du tabac. Les marques américainesenvahissent le marché mondial. En 1926, le président Poincaré créa la SEIT ( service d’exploitation industrielle des tabacs) qui détient le monopole de la production et de la distribution du tabac sous contrôle de l’État. En 1935, la SEIT absorbe le monopôle des allumettes et devient la SEITA. Jusqu’en 1947, le tabac n’a guère soulevé de problèmes. Les scientifiques ne s’intéressaient pas au tabac. Il était incriminé dans la baisse de l’acuité visuelle et les angines. Le cancer des lèvres étaient attribué à la chaleur. En 1947, les premiers méfaits néfastes du tabac sont soulevés notamment le cancer des bronches. Après la seconde guerre mondiale, le tabagisme se répand massivement. En 1950, les premières études prospectives prouvent indiscutablement la toxicité du tabac. En 1957, le tabac est reconnu par l’OMS comme une toxicomanie. La première loi française de lutte contre le tabagisme est la loi du 9 juillet 1976 ou « loi Veil » renforcée par la « loi Evin » de 1991. D’autres lois ont complétées celles-ci : lois de1993,1994,2003 (interdiction de vendre du tabac aux mineurs de moins de 16 ans), auxquelles s’ajoute un décret de 2006 interdisant de fumer dans les lieux à usage collectif. En 1995, l’État Français se désengage de la SEITA . Elle est privatisée.
Le tabagisme est la cause actuellement de 200 morts par jour en France…. .
Culture et fabrication du tabac
La feuille de tabac contient des glucides (40%), des protéines et acides organiques(15-20%) et des alcaloïdes (1-15%) dont le principal est la nicotine qui est un insecticide et un herbicide.
Cette plante est cultivée pour ses feuilles. La culture du tabac commence début mars et vers le mois de juillet-août débute la récolte des feuilles. Après le ramassage, les feuilles sont séchées (extraction de l’eau) puis hachées en fine lamelles (pipes et cigarettes) ou enroulées (cigares). Des additifs et autres produits chimiques (plus de 600) sont ajoutés pour donner un goût agréable au tabac fumé et améliorer l’effet de la nicotine. Il s’ajoute à cela les pesticides utilisés pour la culture du tabac et les produits chimiques utilisés dans la fabrication du papier des cigarettes pour améliorer la combustion de celles-ci.
Le Tabac
Il présente, non fumé, au moins 2500 composés chimiques.
Il s’ajoute, quand il est fumé, plus de 2000 composés chimiques dont plus de 50 sont cancérigènes.
La fumée du tabac est composée d’une phase gazeuse (C0, N0, C02, aldéhyde formique, acroléine, acide cyanhydrique, cétone, ammoniaque…) et d’une phase particulaire qui contient 95 % des composés chimiques (nicotine, des produits cancérigènes-goudrons : hydrocarbures aromatiques dont le benzopyrène, des dérivés nitrés et phénoliques…. , des irritants : acroléine…, des métaux : nickel, cadmium… ) .
Schématiquement, la fumée comprend 4 groupes de substances chimiques qui jouent un rôle fondamental dans la survenue des maladies :
– la nicotine est le principal composant du tabac, responsable de la dépendance pharmacologique. Elle est rapidement absorbée par les muqueuses et pénètre dans la circulation sanguine dans les secondes qui suivent les bouffées. En 7-10 secondes, elle atteint le cerveau ou elle agit sous forme de plaisir, de sensation de détente, de stimulation intellectuelle, d’anxiolytique, d’antidépresseur, de coupe faim). Son action s’étend sur le système cardiorespiratoire : augmentation de la fréquence respiratoire et cardiaque, responsable d’une vasoconstriction des vaisseaux périphériques (refroidissement cutané, augmentation de la TA), stimule la sécrétion gastrique. Elle est métabolisée par le foie sous forme de cotinine ( et à un moindre degré au niveau des poumons et des reins) qui est éliminée par les urines (ainsi que les métabolites de la cotinine produits par le foie). Cependant 5-10 % de la nicotine est directement éliminée par les urines. La nicotine est une DROGUE.
– le monoxyde de carbone a une très grande affinité pour l’Hb (> à l’02). Il se fixe sur celle-ci en prenant la place de l’02 et avec laquelle il forme la carboxyhémoglobine. Cela est responsable d’une diminution de l’02 dans le sang. Le C0 a une demi vie de 6 heures dans le sang. Il est utilisé comme marqueur du tabagisme récent par son dosage dans expiré par le fumeur.
– les irritants ( acroléines, formaldéhydes, phénols, acétone, acide cyanhydrique, les goudrons….) sont responsables de l’atteinte irritative de la muqueuse respiratoire.
– les substances cancérigènes : les goudrons (hydrocarbures, anthracène … ), le nickel, le cadmium, l’arsenic, le béryllium, le mercure, le plomb… . Les goudrons, qui se forment lors de la combustion de cigarette, sont éliminés par les reins et la vessie.
Quelques exemples de produits contenus dans la fumée de cigarette et respiré par l’humain
acétone : dissolvant
arsenic : poison violent (mort aux rats)
cadmium : utilisé dans les batteries
ammoniac : détergent pour les wc
acide cyanhydrique : employé dans les chambres à gaz
monoxyde de carbone : asphyxiant présent dans les gaz d’échappement
formaldéhyde : utilisé dans les insecticides …….
La fumée de cigarette comprend
– un courant primaire ou principal inhalé par le fumeur à chaque bouffée qui contient 20 % de nicotine.
– un courant secondaire ou latéral, qui s’échappe de la cigarette quand le fumeur ne tire plus sur la cigarette, le plus toxique pour l’environnement, responsable du tabagisme passif, contenant 40 % de nicotine.
– un courant tertiaire exhalé par le fumeur.
– 6 % de nicotine se retrouve dans le mégot.
Trois types de tabagisme
– un tabagisme primaire du fumeur.
– un tabagisme secondaire du non fumeur enfumé : tabagisme passif.
– un tabagisme tertiaire : fumée de tabac résiduelle contenue dans les tapis, vêtements, meubles, jouets, murs ….
Les maladies liées au tabac
Effets centraux : ils sont dus à la nicotine, tremblement, envie de vomir, parfois sensation de bien être, stimulation intellectuelle. Elle est la cause de la dépendance.
Effets périphériques :
1) Maladies respiratoires
– cancer du poumon.
– BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive) responsable d’emphysème et d’insuffisance respiratoire.
– Maladies infectieuses bronchopulmonaire.
– Aggravation d’un asthme.
2) Maladie cardiovasculaires
– Athérosclérose pouvant toucher les artères du cœur : les coronaires (infarctus du myocarde), les artères du cerveau (AVC), les artères des membres inférieurs (artérite).
– HTA ;
3) Cancers autre que la poumon
– Gorge.
– Œsophage
-Pancréas
-Reins
-Vessie
– Col de l’utérus
4) Tabac et Grossesse
– Grossesses prématurées.
– Avortement.
– Grossesse extra utérine.
– Hématome rétroplacentaire.
– Hypotrophie fœtale.
– Mort fœtale in utero.
– Diminution du poids du nouveau né.
– Bronche hyper réactive du nouveau né.
– Augmentation des risques de mort subite chez le nourrisson.
5) Pédiatrie
-Favorise les infections respiratoires. l’apparition de l’asthme chez l’enfant.
– Favorise l’apparition de l’asthme chez l’enfant.
– Rhino-pharyngites.
6) Autres manifestations
– Ulcère et reflux gastrique.
– Polyglobulie, hyperleucocytose à neutrophiles.
– Trouble de la peau et des phanères : rides, cheveux cassants …
– Trouble de la fertilité chez l’homme et la femme.
– Irritation des cordes vocales.
– Allongement du temps de cicatrisation. Stop tabagisme avant toute intervention.
– Trouble de la vision, les yeux étant exposés directement aux produits toxiques du tabac.
– Ménopause avancée.
– Os plus fragiles.
– Problèmes dentaires : dents jaunes, gingivites, mauvaise haleine (halitose), trouble du goût (dysgueusie).
Tabagisme passif
– Inhalation involontaire de la fumée de tabac dégagée par le/les fumeurs dans l’environnement.
– Le fumeur passif présente les mêmes risques , mais d’une façon moins importante, qu’un fumeur actif.
Traitement du tabagisme, les moyens à notre disposition
– Prévention du tabagisme assurée par le/la tabacologue : campagne de sensibilisation, d’information, d’éducation (rôle du comité départemental des maladies respiratoires des PA).
– Aide au sevrage tabagique assurée par le/la tabacologue (rôle du comité départemental des maladies respiratoires des PA et du centre antitabac).
– Traitement pharmacologique :
produits de substitution nicotinique.
Les médicaments.
utilité de la cigarette électronique.
autres pratiques : acupuncture, homéopathie, thérapie comportementale et cognitive….
Conclusion
La France compte 20,5% de fumeurs. On constate plus de décés chez les femmes que chez les hommes.
Le tabac est responsable de 78000 décès par ans, dont 47000 par cancer (5000 par tabagisme passif en France). Les maladies cardiovasculaires et respiratoires sont les deux autres causes des décés provoqués par la cigarette.
Importance du sevrage tabagique et des lois anti tabacs.
1 cancer sur 4 est lié au tabac.
Espérance de vie diminuée de 7 à 10 ans.
26 % des femmes fument, 33 % des hommes fument.
Première cigarette entre 12-14 ans.